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Billet d'humeur

LE POUVOIR ET LE PARAPLUIE...

Alain AMAR

Cet article n’est pas une suite à l’excellente analyse réalisée par notre confrère Marcel Danan au sujet de la loi n° 2002-303 du 04.03.02 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé (cf. LLPF N° 117). Non, il se veut plutôt un complément illustré et une réflexion sur les dérives possibles après la publication des décrets d’application. D’où son titre sibyllin et/ou provocateur. L’idée m’en est venue à la suite de graves ennuis de santé d’un ami très proche, d’un frère, d’un quasi-clone…, hospitalisé en urgence dans le service prestigieux d’un important CHU. À sa sortie après une lourde intervention chirurgicale, mon clone, lui-même médecin hospitalier et psychiatre, a eu l’idée – jugée sans doute saugrenue – de demander son dossier médical afin d’organiser son suivi en ambulatoire. Pensez-vous, amis lecteurs qu’il l’obtint sans difficultés ? Que nenni ! À la lettre de remerciements fort polie et confraternelle qu’il adressa à l’illustre chirurgien, il reçut un mot de la secrétaire, sec, administratif, l’invitant à remplir un formulaire désignant un médecin traitant pour l’envoi de certains éléments du dossier médical, ou bien à envoyer une somme d’argent représentant les frais de photocopies d’éléments du dossier, triés (!) par le praticien. Il fallut la menace d’une plainte pour « recel de documents » auprès de l’Ordre régional des médecins pour qu’un étique(1) (sans h) document de trois feuillets soit envoyé précipitamment. Encore fallait-il décrypter le compte rendu opératoire, farci de sigles aussi obscurs que désobligeants pour un lecteur non averti… C’est à la suite de cet avatar qu’il m’est apparu utile, nécessaire, et peut-être salutaire, de réfléchir sur nos pratiques.

 

LE POUVOIR

 

Le pouvoir médical a toujours fasciné le public et peut-être aussi certains praticiens. Mais, aujourd’hui, il s’assimile davantage à une peau de chagrin quand on connaît les limites que les divers gouvernements tentent d’ériger face à lui. Il y a quelque chose de salutaire dans cette démarche de limitation du pouvoir médical, en particulier dans le rapport particulier médecin-malade = sachant-ignorant = pourvoyeur-dépendant. Dans certaines spécialités médicales (cancérologie et chirurgie, par exemple), cette notion de pouvoir revêt une dimension démesurée. Aujourd’hui, à notre époque de surinformation-désinformation, il importe que l’usager (le patient) ait une notion exacte, accessible, des soins auxquels il va se soumettre. Tout le monde y gagnera : le patient en premier lieu pour sa participation active et effective aux soins en tant que sujet et non plus objet biologique, et le médecin en tant que personne plus accessible, plus humaine avec qui on peut parler. Quelques rares praticiens (dont on peut se demander s’ils sont bien à leur place dans ce métier) lutteront bec et ongles pour défendre un pré carré de pouvoir, de pseudo-pouvoir à dimension perverse, aux antipodes du soin et des conceptions d’Hippocrate. Mais ces dinosaures ringards seront vite balayés par un courant désormais irréversible de besoin de transparence des soins. Ce pouvoir, survivance de pratiques magiques, pollue la relation médecin-malade. Certes, il convient que chacun demeure à sa place, le médecin ayant un rôle d’aide à soulager la souffrance, voire à guérir, dans une dimension humaine proximale et non uniquement technique et déshumanisée ; et il importe que, de son côté, le patient puisse continuer à accorder sa confiance au médecin. Mais, pour cela, il faut un dialogue nouveau qui modifie très favorablement le déroulement des soins et que de nombreux confrères utilisent désormais en pratique quotidienne. Le médecin traitant a un grand rôle à jouer car il est le nécessaire intermédiaire qui décrypte les termes abscons et techniques des dossiers actuels. Il faut renoncer à l’hermétisme, à l’utilisation trop systématique de sigles trompeurs (en effet, IVG veut dire Interruption Volontaire de Grossesse, mais aussi Insuffisance Ventriculaire Gauche…). Certes, le contexte resitue les choses…, mais l’abus des sigles revient à une non-communication !

 

LE PARAPLUIE

 

Littéralement intoxiqués par les pratiques d’outre-Atlantique, certains de nos confrères ont une attitude si craintive vis-à-vis d’éventuels procès ou actions en justice que la nouvelle loi risque d’aboutir à l’effet exactement inverse de celui recherché. En effet, le risque est grand de voir se constituer deux types de dossiers médicaux, le « communicable » et le « confidentiel », dans une attitude sécuritaire tout à fait contraire à la loi. Cela veut dire que, dans certaines disciplines (notamment la psychiatrie et la cancérologie), des précautions dans la rédaction des dossiers devront être prises pour prévenir la recevabilité des informations par le patient lorsqu’il demande l’accès à son dossier.

 

En psychiatrie, il faudra se livrer à une autodiscipline nouvelle de rédaction des observations qui devront être plus descriptives, plus cliniques et moins psychopathologiques (la discussion psychopathologique peut toujours avoir lieu mais doit-elle être mentionnée dans le dossier ? Sûrement pas, selon moi !). Pourquoi ne pas redonner sa force, sa dimension pleine et entière à la clinique ? Cela suppose de recenser les signes, comme on le ferait en médecine somatique… Les notes personnelles, à partir du moment où elles sont personnelles et ne figurent pas dans le dossier, n’ont pas d’existence légale et constituent un aide-mémoire pour le psychiatre et n’ont donc pas à être communiquées. Un dossier, dans la conception actuelle de la loi du 04.03.02, doit pouvoir être communiqué intégralement. À défaut, s’il y avait tri de la part des médecins avant communication, cela voudrait dire qu’il y a des « choses » à cacher…, mais quoi ? La confiance dans le corps médical risque d’être encore plus malmenée qu’elle ne l’est actuellement, si l’on se donne la peine de lire les journaux ou de regarder les informations télévisées, à propos du Samu notamment. On est parfois frappé par le réflexe sécuritaire consistant à ouvrir non un parapluie, mais un véritable parasol ou, mieux, une tente caïdale(2) !... La médecine a beaucoup à y perdre au niveau des patients, des associations de patients et de consommateurs, et des pouvoirs publics.

 

Seule une communication au patient d’éléments objectifs, accessibles, peut avoir un sens. Mais, pour cela, il faut conceptualiser un dossier papier ou informatisé utilisable, authentique, qui ait un sens, celui du soin, dimension fondamentale et même unique de notre fonction.

 

A. A.
Membre du Comité d’Éthique du CHU de Lyon

 

P.S.– J’ai proposé aux confrères de l’institution dans laquelle je travaille une maquette de dossier médical, adoptée il y a plusieurs mois, qui tente de répondre aux exigences de la loi, de l’éthique, et peut être modifiée et adaptée selon les lieux de soins. C’est une modeste contribution que les lecteurs peuvent se procurer en la demandant au secrétariat de l’AFP.

 

Paru dans LLPF (La Lettre de Psychiatrie Française n° 119, novembre 2002.

 

(1) Étique : adj. (ancien français : fièvre hectique qui amaigrit) : maigre, décharné. Petit Larousse illustré, 1985.
(2) Gigantesque tente qui sert à abriter les convives, lors des grandes fêtes dont les Marocains ont le secret.

 

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Notes de lecture

Notes de lectures relatives aux livres

 

de Hanania Alain AMAR

 

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Fantasmagorie

 

 

Comme son titre Fantasmagorie l’indique, le recueil de nouvelles de Hanania Alain AMAR relève du genre fantastique qui consiste à débusquer l’irrationnel derrière des expériences quotidiennes. Cette veine irrationnelle se nourrit chez Hanania Alain Amar de ses souvenirs de jeunesse au Maroc, car le cartésianisme inhérent à sa formation de médecin spécialisé en psychiatrie n’a pas étouffé la « culture judéo-berbéro-arabe où la magie, voire la superstition occupent une place de choix ».

 

     Sur les onze récits composant Fantasmagorie, quatre : Le Collier, Isaakhar, Pessah et Yom Kippour sont inspirés des mœurs ancestrales ou du rituel religieux des Juifs du Maroc. Dans Le Collier, l’auteur évoque les ravages commis au sein de toute une famille par un collier aux vertus magiques et dans Issakhar, il trace avec un humour noir le portrait d’un personnage maléfique. Ces aspects sombres de l’irrationalité judéo-maghrébine sont contrebalancés par l’effet d’enchantement suscité par la tendre évocation des fêtes juives. Ainsi Hanania Alain Amar a enrichi le registre fantastique d’une dimension ethnologique car ses descriptions permettent de mieux connaître la mentalité et les us et coutumes d’une communauté déracinée et dispersée un peu partout dans le monde (ce qui n’était pas le cas au moment où se déroulent ces récits, note H. A. Amar.  Un autre élargissement du genre fantastique est dû aux références à la psychiatrie qu’on trouve dans Tutelle, Manipulation et Le Parchemin qui relatent des délires, liés à un sentiment de culpabilité ou l’obsession d’une brave fermière qui ne veut parler qu’au président de la République d’un parchemin trouvé dans son grenier. Néanmoins, le dénouement triste de la plupart de ces récits ne suscite jamais chez le lecteur un sentiment de terreur à cause de la profonde humanité qui les imprègne et du charme de l’écriture de l’auteur aussi limpide qu’agréable.

 

 

Jacques Eladan

 

Le Mensuel littéraire et poétique, n° 331, mai 2005

 

 

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Inquiétante étrangeté

 

 

     Après un récit historique et autobiographique publié chez l’Harmattan en 2001 et intitulé Une Jeunesse juive au Maroc, H. Alain AMAR nous livre ici le fruit d’un travail de plusieurs années composé de récits en trois parties : Enfance, où l’on sent encore nettement les traces indélébiles du passé, Inquiétante étrangeté recueil de six récits haletants où le clin d’œil à la psychiatrie est très appuyé et enfin La Saga des Elus, fables savoureuses qui dressent un portrait inhabituel de la psychiatrie, de la psychanalyse et de quelques-unes de leurs pratiques.

 

     H. Alain Amar, 56 ans, est psychiatre, psychothérapeute, membre du comité d’Ethique au CHU de Lyon, membre du Bureau et conseiller régional de l’Association Française de Psychiatrie. Dans ce recueil d’écrits, Amar parvient aussi bien à manier le récit autobiographique que la fable moraliste en passant par la nouvelle fantastique. Ainsi, dans la première partie Enfance, le lecteur est plongé dans le Maroc des années 50 et ce, à grands renfort de descriptions minutieuses de Rabat, revit l’Age d’Or de l’auteur entouré de tous ces êtres si chers à son cœur. Puis la partie Inquiétante étrangeté compile une série de six nouvelles toutes construites sur le même schéma : la description d’une vie en apparence normale qui, du jour au lendemain, bascule dans la folie et autres dérèglements de la personnalité. La fin étant plus que tragique pour la plupart. Ces cas cliniques posent le questionnement de la frontière ténue entre la réalité et la fiction pour un auteur psychiatre plus que rôdé face à ce genre de patients. Le livre s’achève sur La Saga des Elus ; fables animalières en hommage à La Fontaine où Amar grime les personnages de traits animaliers pour traiter en réalité sentiments bien humains avec à la clef une morale pour méditer sur une ambition démesurée et les conséquences tragiques que cela implique sur une personne. L’ensemble qui en résulte ne semble pas cohérent, mais en apparence seulement et l’humour de l’auteur quelque peu cynique, le style très agréable et, bien entendu cette inquiétante bétrangeté sous-jacente et récurrente dans tout le livre, sont à recommander.

 

 

Docteur Stéphane Lasnier

 

MedHermes, 15 juillet 2003.

 

 

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Inquiétante étrangeté

 

 

     Douze récits qui retracent à chaque fois un parcours de vie, les premiers autobiographiques comme Le Toleb qui raconte les pratiques de magie et la superstition dans une famille juive de Rabat au cours des années cinquante et cela à travers trois générations.

 

     Le récit R’hémo nous donne l’occasion, par l’histoire de sa mère, d e pénétrer dans l’univers des femmes marocaines qui servaient dans les familles juives lorsqu’elles étaient seules avec enfants à charge. Les mariages précoces, de très nombreux enfants et une mortalité infantile étaient le sort commun de ces femmes.  R’hémo est éduquée par la famille que sert sa mère, travail, protection, éducation, tout se déroule dans une proximité chaleureuse.

 

     Les récits suivants rapportent des existences fracturées sur le plan identitaire. Ainsi, le non-dit chez Jonathan provoque une rupture totale après la découverte, à la veille de son mariage, de l’existence d’un frère jumeau handicapé. L’éclosion chez Bruno d’un délire lorsqu’il trouve une photo de son père gendarme à Drancy en 1942, des obsessions antisémites pour éviter de parler. Somatisation extrême de Théo qui le conduira à la mort après le deuil non assumé de sa femme, ou encore l’humiliation de Rachid…

 

     Autant de dommages sans merci décrits avec beaucoup de sensibilité, par un auteur psychiatre, psychothérapeute, avec une distance complice et tendre et même une note optimiste, mais à très long terme après avoir renoué avec les siens.

 

 

Moïse Rahmani

 

Los Muestros-Kore

 

Institut Séfarade Européen, Bruxelles, 2003

 

 

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"Une Jeunesse juive au Maroc". Réactions des lecteurs

Une Jeunesse juive au Maroc

 

 

Réactions des lecteurs

 

 

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     Dans cet ouvrage passionnant, l’auteur, né à Rabat, psychiatre et psychothérapeute, nous décrit son enfance marocaine et, au-delà, le mode de vie au quotidien d’une communauté juive chérifienne étalée sur plus d’un siècle, entre 1860 et 1972, de l’époque impériale jusqu’au protectorat et à l’exil. Les anecdotes, les réalités historiques et familiales étayées par une solide bibliographie forment ce livre où se mêlent tendresse et humour, émotion et poésie. Une Jeunesse juive au Maroc, une précieuse source d’informations sur une époque et un monde méconnus.

 

Moïse Rahmani

 

Los Muestros

 

Janvier 2002

 

Institut Séfarade Européen

 

Bruxelles

 

http://www.sefarad.org

 

 

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      Dans ce récit, Hanania Alain AMAR invite le lecteur à un itinéraire, celui du témoignage : tout en peignant son enfance et sa jeunesse, il fait un double portrait du Maroc : le pays historique et l’histoire millénaire de la communauté à laquelle il appartient. Mais il remonte d’abord le fil de ses origines familiales. Il nous conte les périples sud-américains s de son grand-père Hanania, dont il porte le prénom, revient au Maroc et rejoint sa famille installée « rue Ben Bekââ, au mellah de Rabat, dans le quartier juif proche de la médina ». Les Juifs au Maroc, comme leurs coreligionnaires dans d’autres pays, eurent leurs périodes fastes et celles qui leur furent  plus défavorables. Parmi quelques apogées, citons les Xe et les XIe siècles au cours desquels règnent les Almoravides. Amar note, à la suite de Victor Malka, que « l’armée de Youssef ben Tachfine qui entreprend la conquête de l’Espagne compte plus de quarante mille soldats et officiers juifs ».

 

     Ainsi le judaïsme marocain n’est pas seulement vénérable par ses traditions, ses coutumes, la chaleur de son accueil, son histoire modeste, mais il puise ses racines dans le terreau des migrations qui, d’Est en Ouest, dépeuplèrent la tragique terre d’Israël, déjà au début de l’ère chrétienne ; ensuite après les révoltes qui, sous Trajan, amorcèrent le déclin du grand foyer libyen.  Saint Jérôme, saint Augustin, saint Cyprien, notamment y font référence ; non sans hostilité, ils craignaient que ce judaïsme très vivant dont le message trouvait accueil auprès des populations païennes n’altérât le travail des missionnaires évangéliques. A travers des anecdotes, des réalités historiques et familiales étayées par une solide bibliographie, ce livre qui mêle tendresse, humour et émotion contenue est une précieuse source pour découvrir une époque et un monde peu connus du public français.

 

 

Richard Ayoun

 

Maître de conférences à l’Institut national des langues et civilisations orientales

 

 

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     Le docteur Alain AMAR est un psychiatre pratiquant en exercice hospitalier semi-public à Lyon. Il vient d’écrire un livre sur ses années passées au Maroc, dont il est parti pour achever ses études médicales en France. Le titre de ce livre est Une Jeunesse juive au Maroc. C’est un livre qui est non seulement autobiographique, mais qui remet l’histoire personnelle de l’auteur, comme certains « psy » savent la raconter, dans le contexte religieux, culturel, politique et médical de l’époque. C’est donc une pièce de plus à verser au dossier de l’histoire médicale du Maroc. Forcément subjective, la description qu’Alain Amar fait de sa trajectoire biographique est tout en délicatesse et reflète une grande sensibilité. A l’évidence, cette description ne fait pas de place à la langue de bois, critique sans détours ce qui doit l’être dans notre société et met en exergue ce qui la rend belle et attirante. Si ce livre est écrit autour de la mémoire d’un père qui a fortement marqué la vie de son fils, l’autre héros du livre est le Maroc, auquel l’auteur reste profondément attaché, malgré une absence qui a duré plus d’un quart de siècle. La description minutieuse qui est faite des interactions familiales montre, s’il en était besoin, combien les familles juives et musulmanes du Maroc étaient construites et fonctionnaient sur des modes plus similaires que différents.

 

     Des détails intéressants sont donnés sur la Faculté de médecine de Rabat durant ses toutes premières années de vie, avec ses enseignants étrangers, pour la plupart français, et ses tous premiers enseignants marocains. Ayant vécu personnellement les mêmes années dans la même faculté, je peux témoigner de la véracité de la description et de la pertinence de l’analyse. Ceci laisse supposer que le reste est à l’avenant.

 

     Le docteur Amar a tenu à ce que son manuscrit soit lu par plusieurs personnes avant publication, pour qu’il ne contienne pas d’erreur historique pour la période qu’il décrit. C’est donc un livre intéressant à plus d’un titre qu’un confrère psychiatre et compatriote nous offre à lire. Dans ce sens, il est important que les Marocains juifs et musulmans retrouvent leurs racines et leur histoire commune, car c’est aussi comme cela que le drame absurde du Moyen Orient verra son intensité diminuer et qu’une solution de paix sera plus rapidement trouvée.

 

 

Professeur Driss Moussaoui

 

CHU Ibn Rochd

 

Revue maghrébine de psychiatrie, 2002

 

Casablanca

 

 

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     L’autobiographe Annie Erneaux a créé dans son Journal du dehors (1993), l’expression ethnotexte pour désigner l’écriture du moi, qui se détourne de la complaisance dans les petits secrets de l’ego pour s’intéresser aux mentalités et aux codes sociaux régissant la vie quotidienne des autres. Cette notion d’ethnotexte convient parfaitement au remarquable ouvrage Une Jeunesse juive au Maroc que vient de publier Hanania Alain Amar, qui a inséré le récit de son trajet personnel dans une chronique familiale et dans l’évolution de la communauté juive au Maroc en rapport avec l’histoire de ce pays.

 

     L’évocation des destinées de son grand-père paternel et de son père avant la description de son propre itinéraire a permis à l’auteur de faire revivre trois périodes importantes de l’histoire du Maroc : avant le Protectorat français, l’ère du Protectorat et les deux premières décennies de l’Indépendance. Le grand-père, Hanania, né vers 1860, a connu comme tous ses coreligionnaires de l’époque, le statut de dhimmi qui signifie protégé ou toléré. En réalité, ce statut discriminatoire, constitué de nombreuses interdictions et obligations humiliantes, reflétait le mépris des Musulmans pour les Juifs exclus de la véritable citoyenneté. Cette exclusion se concrétisait par le mellah, quartier insalubre réservé aux Juifs qui y trouvaient la consolation de pouvoir respecter tranquillement leurs rites et leurs fêtes : seules lueurs dans leur misérable condition. Dès qu’une crise éclatait, la foule s’attaquait au mellah. L’auteur rappelle notamment les violents pogroms de 1907 à Casablanca et de 1911 à Fès.

 

     Le père, Yéhouda-Léon, né en 1901 a reçu une instruction française à l’école de l’Alliance Israélite Universelle. Devenu directeur financier du groupe des Moulins Baruk, il a pu offrir à sa famille une vie aisée à l’occidentale, allant jusqu’à l’initier à la célébration de la Saint-Sylvestre et à la nourriture non cacher. Cette insertion dans la culture française à laquelle les Juifs marocains vouaient un culte quasi mystique au point de lui sacrifier une partie de leurs traditions religieuses, était néanmoins assombrie par l’antisémitisme des Français du Maroc et les magouilles du gouvernement de Paris qui faisaient tout pour « éviter tout mélange des communautés et perpétuer les différences et les heurts potentiels ». Quant à Alain, né en 1947, il a fait ses études au lycée Gouraud puis au lycée Descartes de Rabat (lycées français), s’est nourri des plus grands auteurs contemporains et classiques, français et étrangers, s’est enthousiasmé pour les films américains et commencé des études médicales au CHU de Rabat. Mais l’arabisation de l’enseignement imposée après l’Indépendance (sauf dans les établissements de la MUCF : Mission Universitaire et Culturelle Française, note Alain Amar qui précise également qu’il n’a jamais appris l’arabe classique ou dialectal, honnis par la direction de l’Instruction publique de la Résidence générale, et ne parle pas cette langue dont il ne comprend que quelques bribes), le départ programmé des professeurs français, l’épuration de l’administration de ses employés (et surtout de ses dirigeants, note A. Amar) juifs ont fait resurgir les peurs ancestrales des dhimmis et obliger les Juifs à immigrer vers Israël, la France ou le Canada. Sentant que son pays natal lui « est devenu étranger, voire hostile », A. Amar l’a quitté en 1972 pour « achever ses études médicales générales et entamer une spécialisation en psychiatrie à Paris » (note A. Amar) .

 

     […] La narration d’Alain Amar se déploie sur un fond d’émotion profonde, mais retenue car ce livre a été conçu au départ comme un kaddish à la mémoire de son père.

 

Néanmoins, l’émotion cède la place de temps en temps à un certain humour qui se manifeste surtout dans les passages relatant une scène de conjuration du mauvais œil, la bigamie du grand-père maternel ou la transformation du père, à l’époque de son célibat, en dandy. Soucieux de restituer la vie quotidienne dans ses détails concrets, A. Amar s’est fait par moments ethnographe pour décrire les mœurs, les superstitions, les rites, les fêtes, les vêtements et les habitudes culinaires avec une jubilation communicative. Ce livre passionnant apparaît donc comme un document de premier ordre sur les lumières du judaïsme marocain que l’auteur a réussi à faire revivre avec une tendresse infinie sous-tendue par une admirable objectivité car il a su éviter aussi bien l’image sombre du passé juif au Maroc, que sa vision idyllique à laquelle s’accrochent certains Juifs marocains souffrant encore de l’exil.

 

     Ainsi, Alain Amar a su établir un équilibre harmonieux entre sa documentation très riche, sa narration vivante et son texte limpide, faisant de cet ethnotexte enrichissant, un livre  qu’on a vraiment plaisir à lire.

 

Jacques Eladan

 

Unir – Echos

 

Mars 2002, n° 191

 

Le journal des communautés israélites du Bas-Rhin

 

Strasbourg

 

Egalement paru dans Le Mensuel Littéraire et poétique, n° 302, mai 2002

 

 

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     Hanania Alain Amar nous entraîne dans une histoire aux accents proustiens. Il ne s’agit pas de Combray et des madeleines de tante Léonie, mais de gâteaux au miel, des beignets et biscuits à la cuillère de Grand-mère Simha.

 

     L’auteur témoigne d’un itinéraire culturel personnel et familial, mais aussi de la communauté juive du Maroc.

 

     Séparer et se séparer, telle est la fonction du langage. L’écriture est-elle toujours une « Lettre au père » ? S’engager dans un récit au bout duquel attend un père qui ne vous lira pas et, au terme de l’écriture, retrouver les bras du père pour apprendre le temps et la perte.

 

     H. A. Amar nous interpelle à travers toutes ces interrogations qui sont les nôtres et nous confronte en affirmant : « Je viens de tourner une page… mais le livre demeure encore ouvert… ».

 

     Merci, Alain !

 

 

Docteur Michel Faruch

 

Le Journal

 

Toulouse, 2002, n° 18

 

 

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     Le livre du docteur AMAR, psychiatre, ancien Interne des hôpitaux de Paris, qui revient sur son enfance au Maroc avant un bouleversement de l’histoire contemporaine sans précédent, mettant fin à 2000 ans de présence juive au Maroc, est bouleversant. Il alterne un rappel d’événements historiques qui sont confus pour la plupart d’entre nous puisqu’il se réfère à des faits qui nous étaient rapportés par un gouvernement colonialiste avec une presse aux ordres, alors que nous étions enfants, sans esprit critique ; des souvenirs intimes où se mêlent les rapports filiaux d’amour pur entre un père et son fils, les bouffées de poésie où la lumière méditerranéenne éclaire les odeurs de parfum envoûtant et la musique qui rythme le quotidien d’un enfant émerveillé passant sa jeunesse dans la capitale du Maroc et décrivant un voyage en Espagne comme une 8e merveille du monde.

 

     Lisez et relisez ce livre que chacun d’entre nous, dont la trajectoire n’est pas linéaire, pourrait écrire à sa façon en plongeant dans l’histoire, dans sa mémoire et ses sentiments… un bonheur.

 

 

Docteur Clause Vaislic

 

MedHermes

 

6 février 2002

 

 

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Analyses de divers livres

Analyses et critiques de divers ouvrages

 

 

Le racisme – Ténèbres des consciences

 

Hanania Alain AMAR, Thierry FERAL

 

L’Harmattan, Paris, 2005

 

 

Ouvrage à deux voix : celle d’un psychiatre, Hanania Alain Amar, membre du Comité d’Ethique du CHU de Lyon, et celle de Thierry Feral, germaniste, auteur de nombreux écrits sur le national-socialisme. Le propos général, reprenant Wilhelm Reich, est de montrer que l’antisémitisme, le racisme et le fascisme, ne sont pas des phénomènes spécifiquement allemands. Et de rappeler, par exemple, l’existence, en France, durant la Seconde Guerre mondiale, des camps des Milles, de Noé, de Rivesaltes, de Saint-Cyprien, du Vernet, de Rieucros, trop souvent oubliés… Ou encore, plus près de nous, le racisme violent sévissant dans l’ex-Yougoslavie entre trois peuples appartenant pourtant bau même groupe ethnique, mais de religions différentes…

 

 

M. Goutal

 

Revue Nervure

 

Paris, avril 2005

 

 

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Suisse et Nazisme

 

Thierry Feral,

 

postface du docteur Hanania Alain Amar

 

L’Harmattan, Paris

 

 

Il n’est plus nécessaire de vous présenter la collection l’Allemagne d’hier et d’aujourd’hui que dirige Thierry Feral ni tous les travaux déjà réalisés (…)

 

Suisse et nazisme, cela va à l’encontre de beaucoup d’idées reçues, transmises ou véhiculées sans trop réfléchir, sur la neutralité, l’accueil, l’ilôt préservé offrant abri ou refuge… à certains. Le travail d’historien extrêmement précis, très documenté (…) amène Thierry Feral à tracer un tableau beaucoup plus nuancé, de l’attitude de la Suisse au temps du nazisme. Qui n’a été ni neutre à l’égard de sa politique hitlérienne, ni particulièrement hospitalière à l’égard des Juifs et des autres exilés. Il établit cependant une différence radicale entre le gouvernement helvétique, soucieux d’une collaboration source de profits considérables, et toute une partie de la population qui eut à cœur de soulager la misère des réfugiés.

 

Toute cette partie d’une histoire complexe, qui fait découvrir les scandaleuses décisions dont ont été victimes ceux qui croyaient trouver en Suisse une aide, un salut, est clairement expliquée. Sans oublier le rôle qu’ont joué les autres pays, en particulier après mai 1945, où le souci premier était plus politique et finacier qu’autre chose.

 

La postface du docteur Hanania Alain Amar exprime toute l’indignation voire l’écoeurement qu’on ne peut manquer d’éprouver en lisant le détail des pièges se refermant sur les réfugiés, les conduisant à une mort certaine, en leur refusant aide et asile, parce que seuls primaient l’argent et le profit, sinon des intérêts de domination politique. Il ne faut pas non plus se contenter de lire cela comme des pages d’histoire révolues, l’actualité connaît d’autres horreurs qui demandent un devoir de vigilance de tout un chacun.

 

Nous ne pouvons que vous inciter à lire ces pages, qui amènent à poursuivre le travail de mémoire, de réflexion et d’attention à l’actualité.

 

 

Thérèse Oudet

 

Bulletin de l’ADEAF

 

N° 89, avril 2005.

 

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Le livre inachevé et autres textes

 

Hanania Alain Amar

 

L’Harmattan, Paris, 2007.

 

 

Le dernier ouvrage d’Hanania Alain AMAR, Le Livre inachevé et autres textes relève de l’écriture mixte dans la mesure où on y trouve des récits fictifs ou véridiques, des portraits d’êtres excentriques ou délirants, des évocations de villes célèbres  du Maroc, pays natal de l’auteur, comme Tanger ou Marrakech, des souvenirs d’enfance et des réflexions sur le fanatisme religieux, sur certains rites communs aux trois religions du Livre ou sur le ridicule des Jargonautes. Derrière cette diversité, on peut néanmoins déceler une certaine unité due à l’alternance de deux écritures : l’une dramatique dominante surtout dans les récits qui traitent d’êtres en souffrance et l’autre de la mémoire heureuse pour les souvenirs de jeunesse au Maroc.

 

Les récits portent généralement sur des moments de crise psychologique aiguë, due au choc suscité par le refus des éditeurs du manuscrit d’un écrivain débutant, par une jalousie morbide ou par la tyrannie exercée par une épouse, d’origine nord-africaine, et sa famille aux mœurs tribales sur un époux français asservi. La narration consiste alors à montrer comment la dérive mentale s’accélère jusqu’à mener au suicide ou au meurtre. Ces cas pathologiques sont relatés avec une profonde humanité et dans un langage clair car, bien que psychiatre, Hanania Alain Amar condamne l’amphigouri des spécialistes pédants, auquel il préfère la belle langue des écrivains. Par moments, l’auteur donne libre cours à ses émotions personnelles, comme dans le récit Patou, dans lequel il évoque une nièce adorée, morte à 44 ans, après avoir été perturbée par un mariage arrangé avec un orthodoxe juif. Ce drame pousse à dénoncer l’intégrisme religieux auquel il oppose une vision tolérante de la religion, héritée de ses parents et confortée par la lecture de Levinas. Quant à l’évocation de Tanger et Marrakech, elle est faite avec émerveillement, dans un style sensuel, tissé d’images de lumière, de saveurs et d’odeurs. Cela confère à cette écriture de la mémoire une certaine valeur ethnologique car Hanania Alain Amar profite de cette plongée dans le passé pour évoquer des mœurs aujourd’hui disparues des Juifs marocains.

 

Cette richesse thématique et cette écriture métissée font de ce livre une œuvre passionnante qui suscite, malgré le ton dramatique de certains textes, le plaisir du texte cher à Roland Barthes.

 

Jacques Eladan

 

Le Mensuel Littéraire et Poétique n° 352, septembre 2007.

 

 

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Le Livre inachevé

 

L’Harmattan, Paris, 2007

 

 

Notre collègue et ami, H. Alain Amar, dans la suite de sa carrière de clinicien, s’affirme comme un écrivain prolifique. La qualité de ses ouvrages s’inscrit bien sûr dans l’érudition qui nous lui connaissons, mais surtout dans une authenticité ancrée dans les repères identitaires et humanistes, dans la tradition d’autres écrivains médecins. Il a publié quatre ouvrages en 2007, dont Le Livre inachevé. Dans ce nouveau recueil de récites et de nouvelles, notre confrère H. Alain AMAR nous offre des histoires mêlant fiction et réalité. Le lecteur découvrira les trajectoires d’êtres en grande souffrance psychologique et en état de crise ─ tourments d’un jeune auteur rejeté par les éditeurs et suicidaire, jalousie délirante, influence perverse et dramatique d’une épouse abusive, drame d’une très jeune femme enceinte et persécutée… Mais il savourera aussi les charmes de Marrakech et de Tanger, alors ville internationale, dans un style sensuel, tissé d’images de lumières, de saveurs et d’odeurs, comme l’écrit le critique littéraire Jacques Eladan (du Mensuel Littéraire et Poétique). Les thèmes sont riches, le style alerte et le plaisir à lire présent.

 

 

Docteur Maurice BENSOUSSAN

 

La Lettre de Psychiatrie Française

 

N° 174, avril 2008.

 

 

 

Où il est question de deux ouvrages de H. Alain Amar

Hanania Alain Amar

 

 

« Les Savants fous », Hanania Alain Amar, éditions L’Harmattan.

 

« De Don Quichotte à Don Juan ou la quête de l’absolu »,

 

Hanania Alain Amar, éd. L’Harmattan.

 

Les deux ouvrages : « Les Savants fous » et

 

« De Don Quichotte à Don Juan ou la quête de l’absolu » publiés à quelques semaines d’intervalle par Hanania Alain Amar, relèvent de registres très différents, puisque le premier est un essai sur la dérive morale des savants qui ont mis leur pouvoir au service du mal, tandis que le second est une réécriture originale de deux mythes célèbres des littératures européennes : Don Quichotte et Don Juan, sous forme d’une «fantaisie en quatre actes »précédée d’une étude, assez fouillée, sur l’origine, la fortune littéraire et la signification des deux mythes. La genèse de « Les Savants fous » qui a pour sous-titre Au-delà de l’Allemagne nazie, est liée à cette question que s’est posée l’auteur : pourquoi y a-t-il eu dans l’Histoire plusieurs « savants fous » et presque pas de « savantes folles ». Hanania Alain Amar rappelle en effet que face aux 695 savants nazis criminels connus, il n’y a eu qu’une seule femme médecin coupable : Herta Oberheuser. Pour élucider ce fait, l’auteur a eu recours à l’histoire des sciences, à la psychiatrie et à la littérature, en se référant au mythe du golem, aux nombreuses œuvres littéraires et cinématographiques traitant du thème de l’apprenti sorcier et cela l’a amené à conclure que c’est la frustration de l’homme qui ne peut pas donner la vie à un enfant, qui explique le besoin chez certains savants de produire des robots et des clones. À cette frustration, s’ajoutent la mégalomanie, l’égocentrisme et la volonté de puissance qui poussent les savants malfaisants à se laisser « aller à une imagination diabolique ».Le deuxième essai par contre est une illustration de l’imagination positive puisque Don Quichotte et Don Juan ont mis leur chimère et leur rêve au service de la liberté et de l’infini. En effet, après avoir analysé les nombreuses adaptations littéraires, théâtrales, musicales, cinématographiques, poétiques et picturales des deux mythes créés au XVIIe siècle par Cervantès et Tirso de Molina en Espagne, Hanania Alain Amar récuse les thèses des exégètes classiques qui ont fait de Don Quichotte un « fou » et de Don Juan un « libertin ».  Pour lui, ce sont plutôt des êtres en quête d’absolu, des archétypes de la révolte contre les dogmes et les conventions qui aliènent l’homme. Leur lutte, animée par l’aspiration à l’infini, vise à : « tuer ce qui nous tue, affronter les dompteurs d’espérance, dénoncer les vipères comptables...les équarisseurs de phrases, les évaluateurs d’existence » en ce sens ils sont une image fascinante de « l’homme... dans sa grandeur et dans sa faiblesse, c’est-à-dire dans son Humanité ». C’est pourquoi, dans la fantaisie qui se déroule dans un tribunal intemporel, ils sont reconnus non coupables grâce aux témoignages en leur faveur des écrivains, musiciens et poètes qu’ils ont inspirés : Cervantès, Tirso de Molina, Molière, Mozart, Brassens et Brel. Ces deux essais richement documentés, sont écrits dans un style clair et alerte, car quel que soit le sujet abordé, Hanania Alain Amar privilégie toujours l’expressivité littéraire pour le plus grand plaisir du lecteur.

 

 

Jacques Éladan

 

Le Mensuel Littéraire et Poétique, n° 364

 

 

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